samedi 19 novembre 2011

Pas de temps à perdre

Période du 8 au 19 novembre

Atteinte d'un vilain virus, j'ai tout de même vaillamment poursuivi mes activités de bénévolat au service de dépannage de la paroisse et à la Soupière de l'Amitié. J'aime ce que je fais à ces deux endroits, mais je veux vous partager les frustrations d'une néophyte du monde bénévole.

J'ai toujours cru que les organismes qui ont la chance d'avoir des gens frapper à leurs portes pour offrir leurs services gratuits (moi, en l'occurrence) se feraient un point d'honneur de les occuper au max. Ce n'est pas nécessairement le cas. Voyez plutôt.

Déclenchement d'une première, mais légère, montée de lait :
On m'informe que nous serons à court de bras pour le prochain dépannage. Comme on s'attend à devoir répondre à plusieurs demandes, on s'inquiète de la façon dont on va procéder, surtout qu'on ne m'a pas encore montré certaines tâches. Dévouée comme pas une, je propose immédiatement d'arriver plus tôt pour aider à faire les paniers et apprendre par la même occasion les secrets du remplissage de sacs. La semaine suivante, j'arrive donc comme prévu une demi-heure à l'avance pour constater que la responsable et une acolyte étaient elles arrivées encore plus tôt et avaient tout fait le travail. Résultats : je n'ai toujours pas percé le mystère du remplissage de sacs et je me suis tournée les pouces pendant près d'une heure.

Déclenchement d'une deuxième, mais forte, montée de lait :
On réserve mes services pour une journée en particulier, une journée qui sera, selon le responsable, très, très chargée. Je devais bénévoler de 13 h à 23 h. C'est vous dire. Enthousiaste, je me présente à l'heure dite et me retrouve en compagnie de beaucoup, beaucoup d'autres bénévoles. Presque trop. Désoeuvrée, j'en profite pour socialiser avec un groupe de Filles d'Isabelle qui tentent de me recruter dans leurs rangs. Je vois bien des gens courir comme des poules pas de tête mais, quand je les arrête pour offrir mon aide, ils ne savent pas quoi me déléguer. Finalement, j'installe des ballons et colle des dessins sur les murs. Il est environ 16 h. Je dois attendre dans la salle des bénévoles, avec d'autres bénévoles, d'avoir quelque chose à faire(?!). J'ai le temps de prendre un café, de manger un pain, et de me présenter à une représentante des médias que j'ai prise pour une bénévole. Le vrai travail commencera seulement à 18 h 30! Et je passe rapidement par dessus le fait que le responsable avait recruté toute une équipe de hockey pour faire la même chose que nous. On se marchait presque sur les pieds!

Mes frustrations s'étant produites au sein de deux organismes différents, force m'est de conclure, du moins pour le moment, que ce genre de situation n'est pas un fait inusité. Je dois dire que j'ai très mal réagi à cette façon de traiter des gens qui ont à coeur de travailler pour une cause. Ce n'est pas parce que je suis à la retraite que j'ai envie de prendre du temps pour le perdre. Ou plutôt, si je dois le perdre, je veux moi-même choisir comment je vais le faire. Je préfère de loin demeurer à la maison écouter la radio, lire mon journal, faire mes mots croisés, cuisiner, marcher, jouer avec les chats, écrire, plutôt que de m'asseoir sur une chaise et attendre que l'on me trouve quelque chose à faire. Je ne suis pas désoeuvrée. J'ai indiqué clairement que je préférais savoir que je ne suis pas utile la journée où j'offre mes services et souhaitais être renvoyée à la maison au lieu de poireauter. J'ai même laissé mon courriel, en plus de mes coordonnées, afin que l'on puisse me joindre si je n'avais pas besoin de montrer le bout de mon nez.

Aujourd'hui, j'ai poussé ma réflexion plus loin. Mettons que l'on fait inutilement appel à mes services, est-ce si grave que ça? C'est sûr que si cela se reproduit trop souvent, il sera préférable que j'aille voir ailleurs. Mais si cela est occasionnel, il faut que je laisse la responsabilité de la désorganisation à ceux qui la provoquent. Je me suis aussi demandée si je ne réagissais pas comme si j'étais encore au travail. "Il faut produire. Il ne faut pas perdre de temps. Il faut respecter des échéances", ce sont des messages que j'ai entendus pendant trente-quatre ans. Je ne suis pas certaine qu'ils s'appliquent de la même façon au travail non rémunéré. Je crois que je dois encore me donner du temps. Comme dit l'Amie J., à suire.

lundi 7 novembre 2011

Apprendre et vivre la lenteur

Du 1er au 7 novembre

J'ai été victime d'un vilain virus pendant cette période. Je me suis donc retrouvée confinée dans mon lit, empêchée de vaquer à mes occupations. Je dois avouer avoir régulièrement fait preuve d'impatience (parlez-en à l'Homme qui devait endurer mes exclamations de dépit et d'impuissance toutes les fois que je toussais ou me mouchais un peu trop à mon goût) en me voyant ainsi obligée d'annuler notamment mon cours de yoga et un lunch avec une amie. Plus les jours passaient, plus je trouvais que je perdais mon temps. Je ne sais pas trop pourquoi je réagissais de cette façon puisque du temps, j'en ai dorénavant une grosse banque devant moi! Finalement, les malaises ont duré suffisamment pour me forcer à revoir ma façon de penser.

Tout d'abord, j'ai dû me rendre bien vite à l'évidence que mon nouvel état de retraitée constituait une véritable bénédiction puisque cela me permettait de prendre soin de moi sans avoir à m'inquiéter de mes congés de maladie ni à me demander tous les soirs si je me sentais assez bien pour retourner au travail le lendemain. C'était merveilleux! Que de fois dans mon ancienne vie j'ai dû remettre les pieds au bureau avec le nez tout rouge et une toux persistante qui dérangeait sans nul doute les collègues autour de mon cubicule! Mais là, nenni. Même si je me réveillais en pleine nuit pour sucer des glaçons afin d'atténuer la douleur de mon mal de gorge, je m'en foutais car je savais que je pourrais récupérer le lendemain matin. Ce n'est jamais agréable d'être malade mais lorsqu'on a le luxe de pouvoir récupérer à son rythme, cela se prend mieux.

Alors, j'ai justement tranquillement repris du mieux et j'ai recommencé doucement à prendre l'air. Ah! comme le soleil était bon. La première fois où je suis sortie, j'ai marché jusqu'à l'épicerie en savourant le plaisir d'arpenter les trottoirs en plein après-midi. Je constate d'ailleurs qu'il m'arrive plus fréquemment de consciemment ralentir le pas quand je me rends quelque part en me disant qu'il n'y a rien qui presse. Je ne parle pas ici de mon entraînement sur les trottoirs. C'est évident que lorsque je fais de l'exercice, j'y consacre l'énergie qu'il faut. Non, je pense plutôt à mes petits déplacements. Ensuite, je suis retournée m'oxygéner samedi en ramassant des feuilles dans la cour et en m'amusant avec les espiègles. Là encore, je me trouvais tellement chanceuse de remplir mes sacs lentement, au moment qui me convenait le mieux. Quel contraste avec toutes les années où il fallait se dépêcher parce qu'il y avait eu une gelée précoce et que les feuilles jonchaient toujours le sol! Cette année, il faisait beau toutes les fois où je me suis emparée du râteau.

Enfin, aujourd'hui, je me sentais d'attaque pour reprendre mon cours de yoga. Nous avions un nouveau prof qui nous a fait travailler tout en douceur. Je me suis retrouvée comme dans un cocon. Couchée sur mon tapis, je jouissais du bonheur intense que je ressentais à faire bouger mon corps, à l'étirer, à me connecter à lui sans autre souci que d'être pleinement présente. J'avais un peu l'impression d'être engourdie tellement je vivais la lenteur. Et là, une image s'est imposée à mon esprit. J'ai vu mes espiègles dans leur étang. Mes poissons chéris qui, à cause du froid, commencent à se préparer pour l'hiver. Je vois bien qu'ils nagent de plus en plus lentement. Mais ils vivent toujours. Et ils vont se préserver jusqu'au printemps en remuant une nageoire de temps en temps, en laissant échapper une bubulle une fois par heure, en rêvant aux beaux jours qui vont revenir.

Est-ce que ce n'est pas un peu ça la retraite? Apprendre à ralentir pour se ménager. Respirer moins souvent mais plus profondément. Et créer nos beaux jours tous les jours.