lundi 7 novembre 2011

Apprendre et vivre la lenteur

Du 1er au 7 novembre

J'ai été victime d'un vilain virus pendant cette période. Je me suis donc retrouvée confinée dans mon lit, empêchée de vaquer à mes occupations. Je dois avouer avoir régulièrement fait preuve d'impatience (parlez-en à l'Homme qui devait endurer mes exclamations de dépit et d'impuissance toutes les fois que je toussais ou me mouchais un peu trop à mon goût) en me voyant ainsi obligée d'annuler notamment mon cours de yoga et un lunch avec une amie. Plus les jours passaient, plus je trouvais que je perdais mon temps. Je ne sais pas trop pourquoi je réagissais de cette façon puisque du temps, j'en ai dorénavant une grosse banque devant moi! Finalement, les malaises ont duré suffisamment pour me forcer à revoir ma façon de penser.

Tout d'abord, j'ai dû me rendre bien vite à l'évidence que mon nouvel état de retraitée constituait une véritable bénédiction puisque cela me permettait de prendre soin de moi sans avoir à m'inquiéter de mes congés de maladie ni à me demander tous les soirs si je me sentais assez bien pour retourner au travail le lendemain. C'était merveilleux! Que de fois dans mon ancienne vie j'ai dû remettre les pieds au bureau avec le nez tout rouge et une toux persistante qui dérangeait sans nul doute les collègues autour de mon cubicule! Mais là, nenni. Même si je me réveillais en pleine nuit pour sucer des glaçons afin d'atténuer la douleur de mon mal de gorge, je m'en foutais car je savais que je pourrais récupérer le lendemain matin. Ce n'est jamais agréable d'être malade mais lorsqu'on a le luxe de pouvoir récupérer à son rythme, cela se prend mieux.

Alors, j'ai justement tranquillement repris du mieux et j'ai recommencé doucement à prendre l'air. Ah! comme le soleil était bon. La première fois où je suis sortie, j'ai marché jusqu'à l'épicerie en savourant le plaisir d'arpenter les trottoirs en plein après-midi. Je constate d'ailleurs qu'il m'arrive plus fréquemment de consciemment ralentir le pas quand je me rends quelque part en me disant qu'il n'y a rien qui presse. Je ne parle pas ici de mon entraînement sur les trottoirs. C'est évident que lorsque je fais de l'exercice, j'y consacre l'énergie qu'il faut. Non, je pense plutôt à mes petits déplacements. Ensuite, je suis retournée m'oxygéner samedi en ramassant des feuilles dans la cour et en m'amusant avec les espiègles. Là encore, je me trouvais tellement chanceuse de remplir mes sacs lentement, au moment qui me convenait le mieux. Quel contraste avec toutes les années où il fallait se dépêcher parce qu'il y avait eu une gelée précoce et que les feuilles jonchaient toujours le sol! Cette année, il faisait beau toutes les fois où je me suis emparée du râteau.

Enfin, aujourd'hui, je me sentais d'attaque pour reprendre mon cours de yoga. Nous avions un nouveau prof qui nous a fait travailler tout en douceur. Je me suis retrouvée comme dans un cocon. Couchée sur mon tapis, je jouissais du bonheur intense que je ressentais à faire bouger mon corps, à l'étirer, à me connecter à lui sans autre souci que d'être pleinement présente. J'avais un peu l'impression d'être engourdie tellement je vivais la lenteur. Et là, une image s'est imposée à mon esprit. J'ai vu mes espiègles dans leur étang. Mes poissons chéris qui, à cause du froid, commencent à se préparer pour l'hiver. Je vois bien qu'ils nagent de plus en plus lentement. Mais ils vivent toujours. Et ils vont se préserver jusqu'au printemps en remuant une nageoire de temps en temps, en laissant échapper une bubulle une fois par heure, en rêvant aux beaux jours qui vont revenir.

Est-ce que ce n'est pas un peu ça la retraite? Apprendre à ralentir pour se ménager. Respirer moins souvent mais plus profondément. Et créer nos beaux jours tous les jours.

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