samedi 22 octobre 2011

Cogitons un peu

Du 15 au 22 octobre

Cette semaine, curieusement, a été marquée par diverses interrogations qui m'ont été lancées à la figure sans préavis et qui touchaient directement mon nouvel état de vie. Étant donné que les questionneurs me laissaient fort peu de temps pour formuler une réponse satisfaisante, je me reprends ici. Ai-je besoin de préciser que je m'adonne à cet exercice "pédagogique", comme dirait un certain premier ministre créateur de patente à gosse, uniquement parce que j'ai le souci que la population soit bien informée?

Allons-y donc pour une première question posée par une voisine probablement bien intentionnée mais pas trop portée sur l'empathie :

Qu'est-ce que tu peux bien trouver difficile à la retraite?

Vous aurez peut-être deviné que j'ai eu droit à cette remarque parce j'ai osé affirmer que la vie de retraitée n'est pas toujours une sinécure. Ma voisine semblait soudainement avoir oublié qu'au début de sa propre retraite, elle était retournée travailler pendant un certain temps pour se faire des sous supplémentaires, mais également pour se changer les idées. Je dois dire que sa réaction m'a légèrement déstabilisée. Sur le coup, je n'ai réussi qu'à ébaucher un semblant de réponse ne sachant trop comment expliquer que la retraite suppose une période d'adaptation, et ce, sur plusieurs plans à la fois : nouvelle identité, liberté de choix et angoisse qui peut l'accompagner, désir de profiter du temps tout en ne le perdant pas, bref, un changement qui ne se digère pas du jour au lendemain. Voyez comme l'écriture est thérapeutique. Je note dans l'avant-dernière phrase l'utilisation spontanée d'un mot renvoyant à mon estomac capricieux. Tout a un sens et oui, la retraite, ce n'est pas la farniente éternelle des vacances.

Je passe à une seconde question qui m'a été posée celle-ci par une Martha préoccupée qui voulait sans doute s'assurer que je gardais bien en main serpillères et plumeaux :

Est-ce que tu es en train de faire ton ménage d'automne comme la plupart des personnes retraitées que je connais?

À cette question, que je m'empêcherai de qualifier pour éviter des poursuites éventuelles, j'opposerai cette réponse formidable provenant d'une belle-soeur de la maman de l'Homme : "Moé, frotter, j'aime mieux faire des pâtés." (traduction : "Au lieu de perdre mon temps à enlever de la poussière qui revient inlassablement, je préfère mitonner des plats savoureux.")

Je suis en feu. Quelle est donc la troisième question qui semble tout droit relever du genre de celle que le psy me poserait comme entrée en matière d'une séance sur le divan?

Est-ce que tu t'ennuies?

Étrangement, non. Je dis étrangement parce que je ne peux nier les embûches de ma nouvelle vie. Cependant, je trouve que le temps file et que je ne vois pas mes journées même quand je les passe à angoisser ou à hypocondrer. Il est clair pour moi qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Je préfère, et de loin, ma liberté actuelle. Si je peux en outre continuer à disposer de ma vie sans plus avoir à la gagner, je serai aux anges.

Je mets fin à la période de questions en citant ce conseil judicieux prodigué par une yogini rencontrée lundi dernier dans mon groupe de retraités :

Prends le temps d'entrer dans la retraite. Les activités vont se présenter tranquillement à toi sans que tu aies vraiment à les chercher.

J'adore. C'est zen, donc pas stressant du tout. Parfait pour moi.

Et je vous quitte avec ce brin de folie ou grain de sagesse, à vous de décider :

Nous, les retraités, on est pas pressé... savez-vous pourquoi? Parce qu'on sait où on s'en va et qu'on n'est pas pressé d'y arriver!

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